Les seins, toujours des obstacles à la pratique du massage cardiaque sur une femme

En Europe, les femmes victimes d’un arrêt cardiaque dans l’espace public sont aussi victimes d’une inégalité : les témoins hésitent à pratiquer sur elles un massage cardiaque. En cause principalement : leurs seins qu’ils craignent d’exposer et de toucher. Tel est en tout cas le constat d’une étude menée en 2017 par l’Université d’État de Pennsylvanie. 7 ans après, son résultat est malheureusement toujours d’actualité, comme l’a récemment rappelé un cardiologue belge. Or, il s’agit d’un réel problème car :

le massage cardiaque augmente les chances de survie d’une victime d’arrêt cardiaque ;
les maladies cardiovasculaires sont la première cause de mortalité des femmes en Europe.

Comment expliquer cette réticence qui nuit à la survie des victimes ?

Cette étude américaine de 2017 a mis en évidence l’une des raisons pouvant expliquer l’absence de pratique d’un massage cardiaque sur des femmes faisant un arrêt cardiaque. En fait, les témoins seraient gênés de toucher la poitrine d’une femme sans son consentement, ou de l’exposer à la vue d’autres personnes. Pourtant, ce geste n’a rien de sexuel, ou d’inconvenant puisqu’il s’agit d’un geste de premiers secours, qui peut sauver une vie.
Mais en ce début de 21ème siècle, cette « pudeur thoracique » comme l’appelle le Dr Christophe Scavée – cardiologue à Bruxelles, accentue l’inégalité entre les femmes et les hommes.

Renforcer la sensibilisation pour remédier à cette inégalité

Cette étude n’est pas la seule à s’intéresser à ce sujet. D’autres ont été réalisées dans différents pays, dont le Canada. Outre cette pudeur et cette gêne à toucher et exposer les seins, la méconnaissance des symptômes de l’arrêt cardiaque chez une femme est à l’origine de cette différence de traitement. Les signes entre les deux sexes n’étant pas identiques, ils ne sont pas toujours décelés rapidement chez les femmes. Par exemple, elles vont davantage ressentir un essoufflement ou une fatigue intense plutôt qu’une douleur thoracique.
Un autre problème a été pointé du doigt : les mannequins utilisés lors des formations, initiations aux premiers secours. Ils représentent un physique masculin, sans poitrine. Les participants n’apprennent pas à faire un massage cardiaque sur une femme, avec des seins, et peuvent donc hésiter à en pratiquer un dans la réalité. Pour y remédier, une infirmière suédoise avait créé un mannequin avec une poitrine il y a quelques années, mais son utilisation n’a pas été généralisée.

En attendant, il reste une solution. Accroître la sensibilisation en :

formant mieux les professionnels les professionnels de santé aux symptômes de l’arrêt cardiaque féminin ;
encourageant les personnes formées aux gestes qui sauvent à pratiquer un massage cardiaque sans hésitation, quel que soit le sexe de la victime ;
incluant des mannequins féminins dans les formations, initiations aux premiers secours.