Si son nom est aujourd’hui encore un mystère, son visage, lui, est bien connu, en particulier des personnes ayant suivi une formation aux premiers secours. En effet, pour apprendre à réaliser un massage cardiaque, on utilise lors des formations en présentiel un mannequin, qui a un visage. Et pour la fabrication des premiers modèles, le fabricant a repris les traits d’une jeune fille surnommée « l’Inconnue de la Seine », dont le corps a été repêché dans le fleuve parisien à la fin du 19ème siècle.
Une identité inconnue mais un visage devenu célèbre
A l’époque, pour identifier les personnes décédées non déclarées, les corps des défunts étaient exposés au public. Ce fût le cas de cette jeune femme, dont l’âge a été estimé à 16 ans. Malheureusement, personne ne l’a reconnue et on ignore toujours son identité, d’où ce surnom de « l’Inconnue de la Seine ». Néanmoins, son apparence a captivé bon nombre de gens, notamment le médecin ayant pratiqué l’autopsie qui a voulu conserver la mémoire de son visage. Pour cela, il a fait préparer un masque mortuaire en plâtre du visage de cette jeune fille. Et ce masque souriant, qui est tellement paisible (ce qui semble plutôt étrange pour une victime de noyade), a également fasciné des artistes et était, dans le Paris Bohème du début du 20ème siècle, un ornement populaire des murs des maisons. Il a aussi marqué l’esprit d’un fabricant de jouet norvégien, Asmund Laerdal, qui s’en est inspiré pour concevoir l’un des premiers mannequins de premiers secours en 1960.
Les traits de cette jeune fille à l’origine des premiers mannequins de secourisme
Cette année-là, en 1960 donc, ce fabricant de jouet doit concevoir un mannequin destiné à former les jeunes médecins aux techniques de la réanimation cardio-pulmonaire. Et c’est en regardant le dessin de ce futur mannequin qu’il s’est souvenu d’un masque qu’il avait vu sur la maison de ses grands-parents. Masque qui était une reproduction de celui de l’Inconnue de la Seine. Il a donc décidé de donner son visage à son premier mannequin, baptisé alors Resusci Anne. Et si en 2021 on ignore encore l’identité de l’Inconnue de la Seine et son histoire, on sait en revanche qu’elle a permis de former aux premiers secours plus de 500 millions de personnes, et qu’elle aurait aidé à sauver près de 2,5 millions de vies.