Un député du Nord alerte la ministre de la Santé sur la situation dramatique des services des urgences

Se glisser dans la peau d’un patient « lambda » pour évaluer l’état des urgences, une bonne solution pour mesurer l’ampleur du problème ? C’est en tout cas l’idée qu’a eue Alain Bruneel, député du Nord, le vendredi 28 juin dernier. En effet, il s’est présenté aux urgences de l’hôpital de Douai ce soir-là, à 21h30, prétextant des maux de ventre, « sans caméra ni collaborateur », et y est resté 6 heures au cours desquelles il a pu analyser la situation. Et d’après ses observations, elle est « dramatique ». C’est pourquoi, dès le lundi 1er juillet, il a alerté la ministre des Solidarités et de la Santé, Agnès Buzyn sur le sujet en l’appelant à suivre son exemple.

Une « expérience » menée incognito pour se rendre compte de la réalité

Depuis plusieurs semaines, de nombreux services d’urgences sont en grève en France afin de dénoncer le manque de moyens et la dégradation de leurs conditions de travail. Et malgré des annonces de la ministre de la Santé, leur colère ne faiblit pas. Pour comprendre le problème, le député Alain Bruneel a donc utilisé une méthode assez inédite et originale : se faire passer pour un patient. Pour cela, il a simulé des maux de ventre et à son arrivée aux urgences, il ne s’est pas présenté sous son étiquette de député. Bien évidemment, il n’avait pas non plus prévenu la direction de l’hôpital. Résultat : s’il a été pris en charge rapidement par les infirmières régulatrices, qui ont relevé sa température, sa tension et lui ont fait passer un électrocardiogramme, il a dû patienter 6h sur un brancard dans un couloir avant d’être ausculté par un médecin. A son arrivée, on lui avait annoncé que le temps d’attente était de … 3h20. Dans son témoignage, il explique qu’il n’était pas le seul à attendre dans le couloir, il y avait « 14 ou 15 brancards entassés en file indienne ». Il précise également qu’il faisait « une chaleur énorme » et que le personnel ne pouvait remédier à cela car ne sachant pas ce qu’ont les patients, on ne peut leur donner ni à boire, ni à manger. En passant 6h aux urgences de Douai, il a donc pu se rendre compte du problème. Et ce n’est pas le seul service en France à être dans cette situation …

Un constat confirmant les problèmes évoqués par les urgences

Pour dresser un bilan précis, il faudrait sans doute aller dans chaque service d’urgences. Cependant, cette « expérience » d’Alain Bruneel est un témoignage important, qui représente bien la situation vécue et dénoncée par les professionnels des urgences depuis le début de la crise. D’ailleurs, il a précisé qu’à Douai, « le personnel fait tout ce qu’il peut, avec ce qu’il a ». Or quand les moyens humains et matériels manquent, c’est très compliqué. D’autant que le personnel est très sollicité « toujours en mouvement, n’arrête jamais et se retrouve à bout de souffle ». Et cet été s’annonçant – selon les prévisions météorologiques – caniculaire, la situation risque d’empirer dans certains établissements. D’où, selon le député du Nord, la nécessité d’agir vite et de se déplacer. Un appel plus ou moins entendu par la ministre de la Santé qui est allée rendre visite au personnel de l’hôpital Saint-Louis à La Rochelle. Mais au bout de 2h, elle a dû être exfiltrée après avoir été poursuivie par des manifestants dans les couloirs.